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À propos de la famille Vaucorbeil de Crépy-en-Valois

Notre article consacré aux Ligny et leur seigneurie de Raray, récemment présenté dans ce carnet, évoque la mise en vente d’une ferme du village en 1502. Celle-ci appartenait à « Jeanne de Vancorbeil, veuve de Miles de Prie ».

Construction seigneuriale et affirmation d’une identité nobiliaire : l’exemple des seigneurs et de la seigneurie de Raray (XVe-XVIIe siècle)

Les recherches que nous menons sur le Valois depuis plusieurs années encouragent à corriger l’anthroponyme de la vendeuse. Nous pensons qu’elle est en effet affiliée à la famille de Vaucorbeil qui n’a pas encore attiré l’attention des historiens. Nous souhaitons donc offrir quelques renseignements biographiques à son sujet en attendant de proposer une plus ample contribution.
Dans le cadre d’un article paru en 1971, Louis Carolus-Barré publie le rôle d’une taille levée sur la population de Crépy-en-Valois qui mentionne une première fois cette famille[1]. Celui-ci, daté du 8 octobre 1426, recense 173 contribuables. Les plus haut taxés, c’est-à-dire ceux payant 20 sous parisis ou plus, sont au nombre de 32. Guillaume de « Vaucorbel », qui est en tête du classement, doit verser 60 sous. Deux autres Vaucorbeil, prénommés Simon et Philippe, appartiennent aussi à ce groupe fortuné puisqu’ils versent 48 et 30 sous parisis. Un dernier membre de la famille, Philippot l’aîné, est exclu des hauts taxés puisqu’il paye seulement 18 sous parisis.
Deux chartes émises par le duc de Valois Charles Ier nous renseignent sur deux des quatre hommes. La première, datée du 27 juillet 1437, est rédigée à l’intention de Guillaume de Vaucorbeil[2]. Celui-ci, alors qualifié de « receveur du domaine de nostre duchié de Valoys et des terres adjointes », doit régler les frais d’une ambassade envoyée à Chauny dans l’Aisne en faveur de Jean de Luxembourg. Sept ans plus tard, le 16 août 1444, une nouvel acte ducal mentionne Philippe de Vaucorbel, « garde (…) des seaulx aux obligacions de la chastellerie de Crespy-en-Valois », pour une diminution de redevances dues par les habitants de Largny-sur-Automne[3]. Un nouveau document, daté de la première moitié du XVe siècle qui concerne les écoles de Crépy, mentionne un nouveau Vaucorbeil qui n’est pas cité dans le rôle de taille de 1426. Il s’agit de Pierre qui occupe la fonction de « tabellion juré en la chastelenie et prévosté foraine de Crespy en Valois »[4]. L’homme n’apparaît pas non plus dans un second rôle de taille de la ville daté du 21 ou 22 octobre 1450. Celui-ci, aussi édité par Louis Carolus-Barré, indique seulement deux Vaucorbeil : Philippe, certainement déjà mentionné en 1426, et Denise. Nous ignorons la situation de Guillaume, Simon et Philippot l’aîné à cette période.

La famille de Vaucorbeil semble donc solidement enracinée dans la capitale du Valois où elle y exerce des fonctions importantes. Celles-ci contribuent à son enrichissement qui lui permettent d’acquérir des terres et des seigneuries comme à Gondreville, village sur lequel nous travaillons actuellement. Le 23 mars 1471 (n.st.), une lettre signée par la duchesse de Valois Marie de Clèves confirme la « réception de foi et hommage faite par M. Pierre de Vaucorbeil du fief de Gondreville »[5]. Cet homme, qui est grenetier de Crépy-en-Valois, a probablement acquis ce fief trois ans plus tôt, en 1469[6]. Le 15 octobre 1475, Pierre Descamps, un marchand de Crépy-en-Valois, rédige un dénombrement pour deux fiefs qui se situent à Gondreville[7]. Il prétend en disposer « à cause de Marie de Vaucorbeil, [sa] femme », probablement la fille de Pierre. Le dénombrement du marchand est sans doute l’indice que le patrimoine de la famille est démembré au gré des acquisitions, des partages et des successions. Jeanne, qui est propriétaire à Raray au début du XVIe siècle, a probablement obtenu sa ferme en tant que membre du lignage crépynois.
Les derniers Vaucorbeil disparaissent progressivement du Valois à la fin du XVIe siècle. C’est le cas à Gondreville mais aussi à Rocquigny, hameau de Morienval[8], dans lequel la famille est établie depuis la fin du Moyen Âge[9]. L’un des derniers personnages connus, prénommé Jérôme, est avocat au Parlement de Paris[10].

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Cette notice est une des premières étapes de notre recherche consacrée à cette famille. Nous vous tiendrons informé de l’avancé de notre travail qui cherche à mieux saisir les relations familiales des Vaucorbeil, leurs activités au sein de la capitale et du duché du Valois et l’étendue de leur patrimoine. 

 

Notes infrapaginales

[1] CAROLUS-BARRÉ (L.), « La population de Crépy-en-Valois dans la première partie du XVe siècle d’après deux rôles de taille (1426-1450) » dans Études et documents sur l’Île-de-France et la Picardie. Tome 2 : Senlis et le Valois, Compiègne, Société Historique de Compiègne, p. 383-398, 1ère éd. 1971.

[2] BEAUVILLÉ (V. de), Recueil de documents inédits concernant la Picardie, Paris, Imprimerie impériale, 1860, p. 99, n° LXXXVIII.

[3] BEAUVILLÉ (V. de), Recueil de documents inédits (…) op. cit., p. 122-124, n° CVI. Largny-sur-Automne (02600), arr. Soissons, dép. Aisne.

[4] BEAUVILLÉ (V. de), Recueil de documents inédits (…) op. cit., p. 126-127, n° CXI.

[5] HINARD (M.) dir., BILOT (N.), RAIMOND (M.), Gondreville (Oise, Hauts-de-France). Synthèse historique, archéologique et monumentale, n° 21, rapport d’étude pour la commune, Aquilon, p. 71 d’après A.N., R4 99, dossier « Gondreville. Paroisse et seigneurie ».

[6] Catalogue analytique des archives de M. le Baron de Joursanvault, t. I, Paris, Techener, p. 218-219.

[7] HINARD (M.) dir., BILOT (N.), RAIMOND (M.), Gondreville (Oise, Hauts-de-France) (…) op. cit., p. 68-69 d’après A.D. 60, G 7256.

[8] Morienval (60127), arr. Senlis, dép. Oise.

[9] BILOT (N.) coord., CHARTIER (M.), HINARD (M.), RAIMOND (M.), Morienval (Oise, Hauts-de-France). Diagnostic historique, archéologique et monumental, n° 7, rapport d’étude préalable pour la commune, Aquilon, p. 70 d’après A.D. 60, H 3330.

[10] Idem, p. 150.

 


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Morgan Hinard (31 janvier 2025). À propos de la famille Vaucorbeil de Crépy-en-Valois. Aquilon. Consulté le 6 février 2025 à l’adresse https://aquilon.hypotheses.org/1393


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